Vous venez d’acheter une WiiU, vous avez fini Donkey Kong dans tous les sens et vous êtes n’en pouvez plus d’attendre Mario Kart 8 ? Ne vous inquiétez pas. La WiiU possède une fonction aussi rare qu’utile : la rétrocompatibilité, qui va vous permettre de jouer aux jeux Wii. Prenez votre wiimote, collez votre femme/votre mari devant les sims/un film de U pour avoir la paix, et laissez moi vous guider dans les eaux ténébreuses de la ludothèque wii, à la découvert des perles qui vous ont échappées.
Pour commencer je vais exaucer un voeu du topic de la WiiU, et mettre un pansement sur une blessure que nombre de ses membres portent encore : je vais parler de Little King Story.
Jeu sorti en Avril 2009 en France, édité par Rising Star Games, Little King Story nous conte l’histoire d’un petit garçon qui, dans la solitude de sa chambre, aime à se faire ses propres spectacles de marionnettes. Une nuit, dérangé par des rats, il les pourchasse et se retrouve sans savoir pourquoi dans une forêt où il trouve une couronne en or. En la posant sur la tête il se retrouve dans l’instant bombardé roi d’Apolko. Aidé par son bras droit Howser (référence évident à Don Quichotte) et de ses deux amis Liam (ministre du Tout) et Verde (ministre des sauvegardes), il ramènera la paix dans son pays, avant de partir dans une guerre expansionniste visant à conquérir le monde.
Vous vous en êtes bien rendu compte, tout ici fait référence aux jeux de notre enfance, quand à partir d’un décor en carton et de quelques figurines, nous nous inventions des mondes et des histoires farfelus, susceptibles de partir dans n’importe quelle direction en fonction de notre humeur du moment, de nos lubies ou de nos idées subites. Le design pastel donne à ce monde une allure de carton à jouets, et participe à sa patte artistique (j’aurais beaucoup de choses à dire sur le design générique et sans saveur de la version vita, mais on n’est pas là pour ça). Voir son royaume vivre avec les citoyens qui se promènent et réagissent à votre approche est un vrai plaisir qui nous fait nous attacher à ce monde imaginaire, d’autant que les personnages secondaires sont très attachants. Mention spéciale aux animations qui sont parfaitement dans le ton et participent grandement au côté adorable de notre royaume. Et techniquement le jeu tiens la route et reste agréable à regarder aujourd’hui.
Notons également que l’OST du jeu est entièrement composée de morceaux classiques reconnu, et réarrangés pour l’occasion par Yoko Shimomura, la compositrice des Kingdom Heart ou de Radiant Historia. Jouer à un jeu avec en accompagnement « Les quatre saisons » de Vivaldi, « Une nuit sur le mont chauve » de Moussorgski, « La symphonie n°5 » de Beethoven ou le « Dies Irae » de Mozart, c’est quand même la classe absolue. Jouer à ce jeu avec le son coupé devrait être puni par la loi, tellement les reprises sont bien faites (en même temps c’est Shimomura quoi).
Mais LKS est loin d’être un simple jeu contemplatif. Il va falloir aussi gérer votre royaume, récolter des ressources, construire des bâtiments, donner un job à vos citoyens et les emmener avec vous pour envahir les territoires voisins. Les bucherons et maçons serviront à dégager les chemins, les enfants grimpent aux arbres pour trouver des trésors (l’avantage d’être un roi, c’est qu’on peut s’assoir sur le code du travail), tandis que vos soldats serviront au combat. En plus ça tombe bien, les six souverains voisins ne manqueront pas de vous défier. Soyez quand même prudent, le jeu est moins mignon en combat, et ne se laissera pas finir sans vous résister, chaque ennemi a ses patterns et peut faire mal, mais en étant concentré ça passe sans trop de problème. Ajoutez à ceci une boite à idée qui permet à vos sujets de vous proposer des défis sous forme de missions annexes (certaines scriptées, d’autres créées de façon aléatoire), et vous comprendrez que vous ne risquez pas de manquer d’occupations.
Votre objectif passe par la pacification de votre royaume, puis la conquête du monde. Pour cela vous devrez vous battre contre six souverains qui feront office de boss. Ceux qui aiment la variété seront aux anges : chaque roi a sa spécificité, et aucun ne se bat comme les autres. Préparez vous à affronter le redoutable Choulacrème et son flipper maudit, PlateauTV et son jeu de géographie, ou encore le roi Déblok du fantastique royaume de Beuverie Hills et sa tour de barils de bière. Ce dernier est d’ailleurs devenu ma cible prioritaire à l’instant où j’ai appris son existence. A chaque souverain vaincu vous délivrerez une princesse que vous ramènerez chez vous. Dans toute histoire pour enfant qui se respecte il y a une princesse à sauver, peu importe pourquoi. Une fois le monde conquis, et votre collection harem terminé, vous aurez une ultime mission qui clôturera de bien belle façon ce spectacle de marionnettes, avant de refermer la boite à jouets, vestige d’un âge et d’une innocence que les adultes ont perdus à jamais.
Ne tournons pas autour du pot, Little King Story est une vraie réussite. Ce jeu est aussi mignon qu’il peut se montrer exigeant en terme de gestion de ressources et de gestion de troupes. Une belle ode à l’enfance, un âge où se conduire en despote assoiffé de conquêtes et collectionnant les princesses est permis, une ode au paradis perdu de notre enfance. Même si tout n’est pas parfait, le gameplay est bon, l’ambiance est inoubliable et le plaisir de jeu est bien présent. On a affaire à une oeuvre très originale qui mérite largement que vous lui donniez sa chance, surtout vu son prix actuel.
A noter qu’une autre version a été faite pour la PS Vita. Plus belle techniquement, elle se montre aussi (selon moi) incroyablement générique visuellement, sans pour autant corriger les quelques points de gameplay que j’ai signalés, et perd donc une partie du charme du jeu original. Si vous avez une Wii privilégiez sa version. Sinon sautez quand même dessus sur PS Vita, ça reste une très belle expérience.